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 Photo: archives Editpress/Fabrizio Pizzolante

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Nucléaire: double langage, ou langage double?

C’est la question qu’il faut se poser après le couac (encore un!) de notre premier ministre dans le contexte de ses déclarations favorables à l’énergie nucléaire, à l’occasion du dernier Sommet européen à Bruxelles, brisant ainsi un consensus national contre cette forme d’énergie qui a prévalu au Luxembourg pendant des décennies.

Mais je n’ai pas l’intention, ici et maintenant, de faire une énième analyse du pour et du contre quant au nucléaire. Car, fondamentalement, rien n’a changé à ce sujet. Les problèmes non résolus sont toujours sur la table, depuis des décennies.

Comme la forme, en politique, préjuge souvent le fond, je me contenterai d’analyser comment un gouvernement peut parler d’une voix à Bruxelles, et, au retour au Luxembourg, d’une autre, sur le même sujet.

Bruxelles: A la sortie de la réunion notre premier ministre étonne son monde (surtout luxembourgeois) en chantant une ode en faveur de l’énergie nucléaire. Probablement il n’a fait que répéter ce qu’il avait entendu et bien appris dans la réunion même. C’est très tendance, il faut rester dans le mouve’, il faut savoir courir avec la meute, c’est tellement plus simple, à la fois intellectuellement et politiquement. Et comme, dorénavant, tout ce qui est „idéologique“ doit être banni, on assiste aux résultats et aux ravages d’une approche purement „pragmatique“, le nouveau mot d’ordre de toutes les droites en Europe. D’autres appellent cela „l’opportunisme permanent“ qui permet de changer de pied, selon les circonstances ou selon l’interlocuteur.

Face à E Macron, que notre PM n’ose défier, il s’agit d’avoir les faveurs du prince, il faut surtout ne pas le froisser, même si on doit manger son propre chapeau (dictionnaire: se déjuger, changer d’avis sous la contrainte), même si on doit se faire pigeonner. Changer de position pour faire plaisir à son interlocuteur: quel courage, quelle abnégation, quelle démonstration d’une colonne vertébrale souple ou, simplement, d’absence de …

Certes, „only fools never change their mind“, disent les Anglais. Mais alors s’il vous plaît, allez au bout des choses, récitez la même chanson une fois arrivé au Luxembourg. Mais non. Au retour de Bruxelles, à la hauteur d’Arlon, et prenant acte des remous occasionnés à Luxembourg, il faut vite changer de partition.

Et on reprend l’ancienne chanson comme si de rien n’était, on envoie au casse-pipe le ministre de l’Environnement qui doit tirer les marrons du feu, au risque de se brûler. Mais que ne ferait-on pour garder les faveurs du PM? Vous connaissez le terme de „lèche-majesté“? Quel spectacle affligeant!

Résultat des courses: dans le contexte de l’énergie nucléaire, le Luxembourg a deux versions différentes: une pour Bruxelles, et une autre pour le Luxembourg.

J’ai froid dans le dos en pensant au jour où ce gouvernement doit prendre une position, délicate, forte, précise sur un sujet précis, aussi délicat et aussi important, sinon plus …

Ou peut-être notre PM, qui n’a jamais brillé par des positions courageuses et dont la spécialité a toujours résidé dans sa capacité à répéter, sagement, le front ridé, les rengaines des apparatchiks/fonctionnaires de la Chambre de commerce, s’est-il, simplement, fait l’apôtre du président français, dont la maxime consiste dans ce qu’il a lui-même appelé le „en même temps“. Notre PM est en même temps pour l’énergie nucléaire (à Bruxelles), et contre (à Luxembourg). C’est quand même simple! Non?

Parc/Tram: „Vorwärts, Kameraden, wir müssen zurück!“

Dans le cadre du projet de faire passer le tramway par l’avenue de la Porte-Neuve tout en mangeant sur le Parc municipal, on assiste depuis des mois, de la part des supporters de cette solution, à un changement de pied permanent. Incroyable.

Au début des plans, apparemment devenus caducs depuis la première salve d’opposition, avaient prévu un tracé mangeant une grande partie du parc. Levée de boucliers! On retire ces plans, puis les suivants, et les suivants, pour finalement parler, aujourd’hui, de l’introduction d’une voie à sens unique pour cette avenue devant être desservie, encore il y a quelques semaines, „seulement“ par deux voies de tramway, deux voies automobiles, deux voies de bus, deux pistes cyclables, deux trottoirs, deux quais pour le tramway. Donc à hauteur de la Fondation Pescatore dix voire douze voies parallèles. On va concurrencer les Champs-Élysées, et, promis juré craché, sans toucher au parc. Même pas une brindille. A l’impossible nul n’est tenu! Peut-être qu’on va rétrécir la largeur des bus, ou faire passer les voitures sur un toboggan? Va savoir!

Autres aspects de l’argumentaire changeant en permanence: au début, cette nouvelle ligne devait simplement faire gagner du temps, et lorsqu’on a découvert que ce gain serait de seulement trois minutes (3 !!), on a avancé l’argument suivant, permettre une liaison directe avec une future voie vers le CHL/Mamer, sans devoir changer de rame, place de l’Etoile.

Maintenant, depuis peu, vu que les arguments ci-dessus n’ont pas convaincu et se sont cassé la gueule, voici qu’on nous parle des menaces d’un futur trop plein, de bouchons permanents, sur l’ensemble du réseau. A quand le prochain argumentaire? Le dernier, provisoirement. Avant le suivant! Etc., etc., etc. Si tacuisses!

Ville de Luxembourg: bonjour tristesse!

Non, je ne veux pas vous parler du célèbre roman éponyme de Françoise Sagan, publié en 1954 à 18 ans, et qui avait défrayé la chronique à l’époque. Oui, j’ai l’intention de vous parler de notre capitale, la Ville de Luxembourg, centre touristique du pays, un dimanche de Pâques, jour de fête.

Avec ma mère Josette, centenaire, qui habite une maison de retraite en ville, nous avions décidé de prendre l’air pour la première fois depuis des mois, quelques rares rayons de soleil nous y invitaient. Direction place d’Armes, pour déguster, à midi, un filet américain, son plat préféré, sur la belle terrasse du Café français, cher à mon ami A, une des plus anciennes et des meilleures adresses du coin. Entre deux averses nous avons réussi à atteindre notre but d’arriver à bon port, sains et saufs.

La place était remplie d’une grande majorité de touristes, quelques Luxos ou autres autochtones s’y étaient également perdus. Donc il y avait un soupçon de vie du fait du nombre de personnes traversant cette place, officiellement reconnue comme étant le „salon de la Ville“.

Mais l’ambiance était tristounette, aucune animation, concert ou autre, au programme. Le centre-ville était endormi, sauf quelques rares exceptions, pas de magasins ouverts, à part des restaurants, pas de petit ou grand marché, x ou y. On se serait cru dans une ville de l’ancienne RDA, avant la chute du mur de Berlin. A titre de comparaison, un enterrement aurait eu la gueule d’une surprise-party.

Aucune offre culturelle à l’extérieur, rien. Qu’il est loin le temps où, au moins les week-ends, des concerts ou autres attractions touristiques y étaient organisés. Même pas de chanteurs de rue, probablement dégoûtés par la chasse aux mendiants, pas connue pour faire dans la dentelle.

Or de nos jours, il faut considérer le tourisme comme un échange, on doit donner un peu avant de recevoir, peut-être, beaucoup. Et entre touristes le téléphone arabe marche (Marseille = bouche à oreille). Il ne suffit pas de distribuer des brochures ou autres, alors qu’à part la visite de quelques monuments ou musées, l’affiche culturelle, par exemple des spectacles vivants ou des concerts en plein air ou ailleurs, brille par son vide sidéral. „Let’s make it happen“, est un des slogans que la Ville s’est appropriés. Or, il ne se passe rien du tout. Je propose qu’on le remplace par: „Let’s go on sleeping.“

„Au voleur! Au voleur! A l’assassin! …“ etc.

Dans sa pièce „l’Avare“, Molière abuse de cet appel au secours, devenu célèbre. „Outil de lutte contre la contrefaçon ou le plagiat, la propriété intellectuelle permet à l’auteur d’une création de protéger son œuvre et de lui octroyer les avantages issus de son œuvre.“

Voilà pour la théorie et la définition du dictionnaire. Non, je ne veux pas parler de notre ancien premier ministre et de ses exploits dans ce domaine, à l’Université de Nancy. L’autre jour, en prenant connaissance du slogan des socialistes européens et luxembourgeois pour les élections européennes de juin prochain, j’ai eu la surprise de voir affiché partout „The Europe we want – L’Europe que nous voulons“. So far so good.

Flash-back: il y a 15 ans, le soussigné, candidat aux élections européennes et ayant terminé deuxième sur la liste LSAP, avait publié un livre intitulé: „L’Europe que nous voulons“ (Edit. Le Phare, 2009). Il s’agissait d’un „manifeste pour une Europe et un Luxembourg plus sociaux, plus démocratiques, plus justes, plus écologiques et surtout plus forts pour développer la société de la connaissance“. Pour le titre, je m’étais inspiré de celui du bouquin de l’économiste américain Paul Krugman, intitulé „L’Amérique que nous voulons“ (Edit. Flammarion, 2008).

Aujourd’hui, 15 ans après, et après avoir été exclu du parti peu après, suite à un „procès stalinien“, pour avoir rappelé publiquement une promesse non tenue de Bébert Pinocchio, alors tête de liste, qui avait promis à tous ses colistiers „de renoncer, après deux ans, au mandat de député européen au profit du suivant sur la liste“, je me suis retrouvé devant un vrai casse-tête.

En effet, après m’avoir mis, honteusement, à la porte, à l’époque, invoquant des chimères, voilà que, presque les mêmes, aujourd’hui, sans demander mon autorisation, me volent le titre du livre précité, en principe protégé par la loi. Une question me tourmentait: est-ce que je revendique mes droits, le cas échéant devant un tribunal, oui ou non?

Après mûre réflexion, finalement, j’ai décidé d’en rester là. Ce n’est certainement pas par sympathie ou pour faire plaisir à la co(…)-présidente du parti, co-responsable du vol en question. C’est exclusivement par sympathie, personnelle et politique, pour deux amis: d’abord pour la tête de liste, luxembourgeoise, de tous les partis socialistes européens dans leur ensemble, et puis pour celle de la liste socialiste européenne, au Luxembourg.

Malgré tout, je voterai pour eux. Il faut savoir faire la part des choses. Les militants et les idées n’y sont pour rien, le poisson pourrit toujours par la tête.

Car devant les hurluberlus d’extrême droite, ADR en tête, qui ont le vent en poupe et qui sont en train d’infecter la droite traditionnelle de leurs idées dangereuses pour l’Europe et pour le Luxembourg, il faut tenir le cap de l’intégration européenne, plus nécessaire que jamais. Et éviter tout retour en arrière ou toute forme de renaissance des nationalismes.

Car, comme disait F. Mitterrand, en 1995, dans un discours historique, devant le Bundestag allemand: „Le nationalisme, c’est la guerre!“