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 Photo: Editpress/Julien Garroy

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1) „En même temps“ intégration européenne et souverainisme

Le CSV, ce bon vieux parti poussiéreux qui, pour afficher un renouveau inexistant, aime mettre en scène des jeunes pousses, ultra-motivées de faire rapidement carrière, souvent des apparatchiks qui ont réussi à percer d’une manière précoce et qui, en fait, cachent la misère. Ce parti, que nous connaissons trop bien, a découvert, depuis peu, une nouvelle stratégie politique. Il est „en même temps“ pour et contre une position politique ou une idée ad hoc. En France cette expression est devenue notable par l’usage qu’en a fait E. Macron, pendant sa campagne électorale pour les élections présidentielles en 2017, puis durant son mandat. Être à la fois pour et contre, est en fait une formule qui reflète l’ambiguïté typique d’une forme de centrisme qui veut se positionner entre la droite et la gauche, ou plutôt, ni à droite ni à gauche.

En fait il s’avère que ce centrisme social-libéral assumé, décomplexé, renouvelé, est d’une hypocrisie grave qui a surtout comme objectif d’induire le citoyen en erreur. A première vue on pourrait penser qu’elle vise à satisfaire le célèbre doute cartésien, la dialectique hégélienne ou marxiste qui s’inspirent, chacun à sa manière, d’une forme de dialogue intérieur constitutif de la pensée. Je n’ai pas l’intention de creuser davantage cette notion et le positionnement politique qui va avec, très à la mode, mais simplement de dénoncer ce spectacle qui se réduit, finalement, à une illusion brillante et habile, à la portion congrue.

Dans un papier récent il m’est arrivé de relever, par exemple, le „en même temps“ du premier ministre au sujet de l’énergie nucléaire. Pour à Bruxelles (pour faire plaisir aux adeptes du tout-nucléaire et autres promoteurs politiques de cette forme d’énergie), contre à Luxembourg (pour faire plaisir à l’opinion publique luxembourgeoise).

Un autre exemple récent, complètement différent. Depuis des années il est de coutume que nos bâtiments publics sont „décorés“ de deux drapeaux à la fois, le drapeau luxembourgeois et le drapeau européen. Tel est également le cas dans la plupart des autres pays européens, excepté en Hongrie, notamment … Or, depuis peu, une ribambelle de drapeaux exclusivement luxembourgeois ont été accrochés sur la façade du ministère de „petit Léon“, rue Beaumont. On se croirait à un meeting du Rassemblement national en France ou de l’ADR au Luxembourg. Ne croyez surtout pas qu’il n’y a pas d’arrière-pensée. En fait, il s’agit de caresser la fibre nationaliste, souverainiste, populiste, encore faussement appelée patriotique, dans le sens du poil. Marine Le Pen vous salue.

On a les idoles ou les exemples qu’on mérite. Mais attention, méfiez-vous, la présente analyse sert les objectifs de „petit Léon“, il en raffole, il est là pour prendre des voix à l’extrême droite populiste.

Des drapeaux dont l’absence fait jaser

Changement de décor: quelques centaines de mètres plus loin, les candidats du même parti pour les élections européennes ont présenté leur programme électoral et chantent les vertus de la construction européenne et de davantage d’intégration. Les drapeaux européens sont de sortie, bien sûr.

Voilà un bel exemple du „en même temps“. D’un côté, „petit Léon“, qui est tout sauf naïf, et qu’il faut surveiller comme le lait sur le feu, qui, à côté de la fibre sécuritaire, aime jouer sur la fibre populiste, chauviniste, et qui aime chanter exclusivement „Heemecht“, l’hymne national du Luxembourg, composé par J.-A. Zinnen en 1864, texte de Michel Lentz, de l’autre côté ses collègues-candidats qui, en même temps, chantent l’hymne européen, un arrangement d’environ deux minutes du thème musical de l’Ode à la joie, dernier mouvement de la Symphonie no 9, composée en 1823 par Beethoven.

Eh oui, il faut toujours ménager la chèvre et le chou. Question: qui dans le cas présent, d’après vous, est la chèvre? En ce qui me concerne, j’ai une idée précise là-dessus. Sachez qu’en Belgique on a inventé le terme de „chèvrechoutiste“ pour désigner la personne qui tente de faire plaisir à tout le monde, en même temps. Sachez aussi que le terme de chèvre peut désigner à la fois un animal et une personne. Dans le deuxième cas de figure, il ne s’agit pas forcément d’un compliment …

Le modèle rwandais

Récemment un autre exemple de la mise en place du phénomène décrit ci-dessus, venait confirmer l’impression qu’il est en train de devenir la règle. Dans le cadre du projet d’externaliser les demandeurs d’asile retoqués au niveau européen dans des pays tiers, notamment africains, appelé le modèle rwandais, le premier ministre était pour. En même temps la tête de liste pour les prochaines élections européennes, au cours du congrès des pays conservateurs européens, s’est opposé publiquement à ce type de mesure.

Quelle est finalement la position du CSV dans ce contexte? Pour sortir de l’impasse, ils sont à la fois pour, et, en même temps, contre. Ainsi ils satisfont à la fois leurs membres qui ont la fibre sociale ou chrétienne (si, si, il en reste encore quelques-uns), et les hardliners de la frange sécuritaire qui aiment bomber le torse, chers à „petit Léon“ et au premier ministre.

Et la boucle est bouclée. Fastoche, non?


2) Un vice-premier ministre qui penche trop à gauche

C’est l’impression que j’avais en regardant les super-belles photos (sic) de la réception officielle au Château des Lakerten, pardon, au Château de Laeken, à Bruxelles, à l’occasion de la visite d’Etat des souverains luxembourgeois chez leurs homonymes belges. En voyant ces belles images, notre vice-premier ministre m’a fait de la peine. Il avait manifestement des problèmes d’équilibre pour tenir debout, plus ou moins convenablement. Il a fallu quelque temps pour noter qu’à force de pencher à gauche, il risquait de perdre effectivement l’équilibre.

Non, je ne veux pas insinuer qu’il était sous l’emprise de l’alcool ou d’une autre drogue. Le connaissant quelque peu, je sais qu’il est impossible que tel fût le cas. J’ai dû sortir mes lunettes pour regarder de près ce qui a pu être la cause de ce penchant à gauche. Je ne parle pas en termes politiques, mais d’un contexte physique, l’ensemble de son corps avait du mal supporter une sorte de surpoids, du côté évoqué. J’ai tardé à connaître les vraies raisons de ce penchant pour la gauche, alors que, politiquement, il penche plutôt à droite, surtout depuis qu’il ne fréquente plus les socialistes ou les Verts.

Des médailles, en veux-tu, en voilà

Donc, en y regardant de plus près, on a pu noter qu’il avait accroché sur son magnifique smoking, par ailleurs trop étroit, une ribambelle de décorations et autres médailles, et on avait l’impression que d’un moment à l’autre, il allait crouler sous le poids de ces nombreuses décorations. Oui, il en avait beaucoup plus que notre premier ministre qui, une fois n’est pas coutume, a dû, à titre comparatif, s’avouer battu, car il ne portait qu’une seule décoration, un peu tristounette. Oui, ça faisait vraiment un peu riquiqui, comparé au vice-premier ministre, un déséquilibre inquiétant. L’explication réside probablement dans le fait qu’il avait quitté jadis les hautes sphères de la politique, pendant dix ans, pour gagner (?) du vrai pognon. Et les médailles annuelles, en métal ou en chocolat, de la Chambre de commerce et des Big Four, n’ont pas cours à de telles occasions.

Pendant toutes ces années notre vice-premier ministre était au four et au moulin, pour s’occuper non de sa propre bourse, mais de la nation et de ses concitoyens. Dur labeur quotidien qui mérite incontestablement une reconnaissance, fût- ce sous forme de décoration ou autre médaille.

Il m’était impossible d’identifier en détail les neuf éléments, quatre grosses croix et cinq médailles, de taille plus petite, fixés sur son smoking, du côté gauche. J’ai quand même cru reconnaître, notamment, une croix d’honneur de l’Université de Nancy, où, comme il est de notoriété, notre vice-premier ministre a laissé des traces indélébiles et fait preuve d’exploits inoubliables, il y a de nombreuses années. Ce serait quand même une provocation! Ou s’agissait-il du célèbre titre universitaire appelé „docteur honoris causa“ (du latin causa, qui exprime le but, précédé du génitif de honor, honoris, l’honneur: „pour l’honneur“, honorifique) qui est en fait, comme nous l’explique le dictionnaire, un diplôme honorifique où on n’a pas besoin de passer des examens et où la tentation de plagier est inexistante? Va savoir!

Comme vous voyez, ce type de reconnaissance et de mérite n’est plus directement lié à des travaux spécifiques qui consacrent par exemple des travaux universitaires, de troisième cycle, doctorats ou autres, mais également d’autres performances, d’un tout autre registre, y sont honorées désormais.

Je ne sais pas si le roi des Belges, ou son chef de protocole, s’est interrogé sur le bien-fondé de ces nombreuses décorations en général, et de celle de l’Université de Nancy en particulier, toujours est-il que le vice-premier ministre les a toutes portées avec une fierté non dissimulée. Chapeau l’artiste!

A bon entendeur: si vous voulez porter également une belle médaille ou une croix de mérite ou être le détenteur d’un diplôme lambda de l’université citée, „demandez le programme“ à notre ministre bien-aimé. Just do it!

René Kollwelter est un ancien député et conseiller d’Etat
René Kollwelter est un ancien député et conseiller d’Etat