ForumAgir (rapidement) dans l’intérêt des élèves de 1re

Forum / Agir (rapidement) dans l’intérêt des élèves de 1re
 Photo: Editpress/Fabrizio Pizzolante

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Au Luxembourg, les élèves des classes de 1re doivent indiquer le choix de leurs disciplines pour les épreuves d’examen au plus tard le premier jour du second semestre. Cela pose certains problèmes, comme l’écrit Nobert Campagna dans sa contribution au forum.

Dans son article 5 point 6, le Règlement grand-ducal du 31 juillet 2006 portant sur l’organisation des épreuves de l’examen de fin d’études secondaires stipule que les élèves des classes de 1re indiqueront au plus tard le premier jour du second semestre quelles disciplines ils choisiront pour l’épreuve écrite de l’examen ainsi que pour leurs oraux. Dans le passé, certaines directions ont placé l’intérêt raisonnable des élèves au-dessus de la lettre d’un article de Règlement grand-ducal en soi problématique et ont encore accepté des demandes de changement de disciplines introduites après les vacances de Pâques, soit très longtemps après le premier jour du second semestre. Si jusqu’ici le ministère semble avoir fait preuve de tolérance – ou était-ce de la négligence? –, les choses ont changé cette année, et les directions qui jusqu’ici avaient agi dans l’intérêt raisonnable des élèves et avaient aussi fait comprendre aux élèves qu’ils pouvaient encore changer leurs disciplines fin avril ou début mai, se sont fait rappeler à l’ordre par le ministère.

Deux remarques

Si le ministère est parfaitement dans les clous de la légalité, deux remarques s’imposent néanmoins dans ce contexte. D’abord une remarque ponctuelle: en tolérant une certaine pratique par le passé, le ministère a implicitement fait comprendre aux directions qu’elles pouvaient encore accepter des demandes introduites après le délai. Si le ministère avait dès la première année mis les points sur les i, les choses auraient été claires. Mais si on laisse se mettre en place une certaine pratique, alors on ne l’interdit pas en cours d’année, mais on la tolère encore pour l’année en cours, tout en insistant que dorénavant, on ne l’acceptera plus.

On n’a pas le droit de laisser se mettre en place une attente implicite pour ensuite la décevoir sans préavis. Mais les changements en cours de route semblent être une pratique coutumière, comme l’a montré le changement de dates de l’examen de fin d’études secondaires au cours de l’année scolaire passée.

Ce texte doit être changé pour les élèves qui écriront leur examen en mai-juin 2025, et pour ceux qui écrivent leur examen cette année, le ministère devrait mettre l’intérêt des élèves au-dessus du texte du règlement

La deuxième remarque est plus substantielle. Demander à un élève de se décider au plus tard pour le premier jour du second semestre est une aberration, car l’élève ne connaît pas encore ses notes du deuxième semestre. Prenons le cas d’un élève de 1re G. Il a le choix entre la philosophie ou l’histoire de l’art. Au premier semestre, il a 28 en philosophie et 32 en histoire de l’art. Il a alors tout intérêt à choisir la philosophie pour l’examen. Mais admettons qu’au deuxième semestre sa note de philosophie est de 31 et sa note en histoire de l’art de 24. Sa note annuelle en philosophie sera alors de 30 et celle en histoire de l’art de 28. Il devra faire l’examen en philosophie et y obtient la note de 27 et a donc une moyenne insuffisante de 28. Cela lui fait déjà deux notes insuffisantes. S’il avait eu la possibilité de choisir après avoir pris connaissance de toutes ses notes du deuxième semestre, il aurait choisi de passer l’épreuve écrite en histoire de l’art et il aurait tout au plus eu une note insuffisante en histoire de l’art s’il avait raté l’épreuve de l’examen. Cet exemple montre de manière concrète que la disposition réglementaire actuelle n’est pas dans l’intérêt raisonnable des élèves. Et en tant qu’enseignant soucieux de protéger les intérêts raisonnables de mes élèves, je ne peux pas me taire dans cette affaire.

Deux propositions

Que faire? Deux choses. Dans l’immédiat, je demande au ministère de tolérer pour cette année encore que des élèves changent leur choix de disciplines jusqu’à dix jours avant le début des épreuves d’examen. On peut supposer que jusque-là, ils disposent de leurs notes pour le deuxième semestre et ils pourront donc prendre leur décision en connaissance de cause.

A moyen terme, il faut que le ministre modifie le point 6 de l’article 5 du Règlement grand-ducal et laisse aux élèves la possibilité de changer leur choix jusqu’à dix jours avant le début de la période d’examen. Pour éviter des abus, on peut inclure certaines conditions dans le texte. Mais quoi qu’il en soit, ce texte doit être changé pour les élèves qui écriront leur examen en mai-juin 2025, et pour ceux qui écrivent leur examen cette année, le ministère devrait mettre l’intérêt des élèves au-dessus du texte du règlement en accordant une dérogation ou en tolérant des changements demandés après l’expiration du délai.

Norbert Campagna est enseignant à l’Université du Luxembourg et anime une option „Introduction au droit“ au Lycée de garçons Esch
Norbert Campagna est enseignant à l’Université du Luxembourg et anime une option „Introduction au droit“ au Lycée de garçons Esch Photo: Editpress/Alain Rischard