Musique spatialeRencontre avec Veda Bartringer

Musique spatiale / Rencontre avec Veda Bartringer
„Deep Space Adventure“ est son nouvel album: Veda Bartringer Photo: Mara Lippolis

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„Space is the place“, comme disaient le cosmique jazzman Sun Ra ou les aliens de l’électro-rap Jonzun Crew. L’espace s’est souvent taillé une belle place au sein de la pop ainsi que dans les musiques dites expérimentales, qu’elles soient planante, ambient ou concrète. À travers „Deep Space Adventure“, concept-album qui dit tout dans son titre, Veda Bartringer ouvre son jazz, elle aussi, à l’espace. Accompagnée de Julien Cuvelier (saxophone), Boris Schmidt (contrebasse) et Maxime Magotteaux (batterie), la compositrice et guitariste luxembourgeoise jouera son disque ce soir au CAPe Ettelbruck. Interview en apesanteur.

Tageblatt: Pour „Deep Space Adventure“, vous êtes-vous intéressée à l’espace d’un point de vue scientifique?

Veda Bartringer: Oui, bien sûr. À la base, pour le disque, j’ai essayé de voir ce qu’on peut ressentir en voyant certaines images ou émissions sur l’espace. Il y a cette idée d’être face à l’espace, ce grand espace, ce grand vide, d’être confronté à ce que l’on ne connaît pas. Pour moi, l’espace incarne un peu l’inconnu, sinon un désordre organisé.

De l’incohérence harmonieuse?

Exactement. J’ai essayé de représenter ces images via la musique. Et je trouve qu’on peut faire un lien évident entre le jazz et cette idée d’inconnu, parce qu’il y a toutes ces infinies possibilités de créer, tout en communiquant entre musiciens.

L’artwork même illustre le concept musical: le dessin de la pochette de l’album montre un visage étoilé contenant un autre visage, à l’envers, les yeux vers le ciel.

La pochette est signée Henri Schoetter. Il m’a créé une belle œuvre d’art. J’ai beaucoup échangé avec lui. On s’est interrogé à propos de comment on pourrait faire ci ou ça, il m’a montré des images d’espace, des comics, des visuels plus spéciaux. Et c’est en parlant pendant des heures qu’on s’est rendu compte à quel point la musique est très personnelle: ce n’est pas seulement un voyage dans l’espace, mais un voyage pour soi-même.

L’espace est très présent dans la pop, de Sun Ra à Jonzun Crew, en passant par la musique planante de Tangerine Dream, ou encore Space, Spiritualized, Air, M83, Computer Magic, voire même la chanson „Andromeda“ de Weyes Blood. Certains de ces artistes ont-ils fait partie de vos inspirations pour ce disque?

Je ne crois pas avoir réalisé l’album dans ce type de recherche. Peut-être qu’une partie de la musique liée à l’espace m’a influencée, mais alors indirectement, je ne sais pas.

„Pale Blue Dot“, „Lazy Space Walk“, ou „Search For Light“, qui ressemble à une valse lente, sont des morceaux très relaxants. Est-ce ainsi que vous vous représentez l’espace, comme un cadre calme?

La musique que j’écris, je veux qu’elle soit relativement „simple“, même si je n’aime pas ce mot-là; enfin, disons que je fais en sorte qu’elle ne soit pas trop chargée en informations. D’un côté, j’aime bien écouter du jazz qui part dans tous les sens, et qui nécessite une grande réflexion pour suivre ce qui se passe. Mais pour „Deep Space Adventure“, je voulais faire des morceaux que les gens reçoivent immédiatement. Relaxant, ça me va très bien; quand une musique est trop chargée, ça peut rendre vite nerveux. Moi, c’est très easy listening. Il ne faut pas oublier les bases du jazz: c’est un genre positif, censé faire danser, chanter.

Vous avez pris des cours de chant classique à seize ans, or l’album ne contient pas de morceaux vocalisés. N’auriez-vous pas envie de vous amuser avec votre voix, via des modulations ou des effets comme le vocoder, afin d’obtenir un timbre d’alien?

Je trouve l’idée intéressante. Mais je pense que c’est trop tôt. J’ai quand même étudié principalement la guitare. J’ai pratiqué le chant pendant toute mon adolescence; j’utilise ce savoir-là pour tout ce que je compose. Mais qui sait, plus tard peut-être, là, je ne me sens pas prête.

Il y a des sonorités non identifiées sur „Down To Earth“, mais aussi le pincement particulier des cordes, presque effleurées, sur „Lift Off“, jusqu’à l’arrivée d’un astéroïde: est-ce que l’objectif était celui de reproduire des sons de l’espace?

L’idée, c’était de donner une image sonore de mon départ dans l’espace. C’est pour ça que le début et la fin de l’album, c’est le même: c’est le battement du cœur; c’est quelqu’un qui est assis dans la navette spatiale; la navette commence à monter: la pression aussi; il y a du bruit autour, tout vibre. Ce qui est rigolo, c’est que pour l’intro, on a enregistré différents sons dans le studio et puis on les a mis à l’envers. C’est encore une référence à l’espace, tout ce qui est en relation avec le temps.

„Sun Rays“ rend hommage au batteur de jazz Brian Blade: en quoi est-il si important pour vous?

Pendant mes études, j’ai adoré écouter sa musique. Et je la trouve encore inspirante aujourd’hui. Ses compositions, hyper développées, sont faites avec amour, ça s’entend. Le titre est à son image: rayonnant.

Si vous deviez faire écouter une de vos chansons à un extraterrestre, laquelle choisiriez-vous?

„Pale Blue Dot“. Parce qu’elle représente la Terre.