FranceAttal: „La République contre-attaque face aux violences juvéniles“

France / Attal: „La République contre-attaque face aux violences juvéniles“
Le premier ministre français Gabriel Attal annonçait hier à Viry-Châtillon de nouvelles mesures contre la violence juvénile Photo: AFP/Bertrand Guay

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Etait-ce pour marquer les cent premiers jours de sa direction du gouvernement? Gabriel Attal a en tout cas tenu hier à Viry-Châtillon, commune de la banlieue parisienne qui a récemment été le théâtre d’une agression mortelle contre un lycéen, Shemseddine, à qui d’autres jeunes (qui ont été, depuis, mis en examen pour assassinat) reprochaient d’avoir correspondu avec leur sœur, un discours d’une grande fermeté contre ces violences, quelles qu’en soient les formes et les origines.

„C’est la République qui contre-attaque“, a déclaré le premier ministre, „l’autorité et la règle commune sont trop souvent défiées par certains jeunes“. Et face à „ce surgissement de l’ultra-violence, à cette addiction d’une partie de nos adolescents à la violence, nous avons besoin d’un sursaut d’autorité“, a-t-il ajouté. Soucieux de ne pas simplement rajouter un discours de plus à tant d’autres déjà entendus sur le sujet, M. Attal s’est employé à détailler les mesures qu’il entend faire prendre par son gouvernement.

Il est vrai qu’avant-hier, au conseil des ministres, le chef de l’Etat lui avait demandé de lancer une concertation pour trouver les moyens de remédier à la spectaculaire dégradation à laquelle on assiste depuis le début de l’année sur ce terrain, en particulier – mais pas seulement – en lien avec l’école. Avec pour objectif d’aboutir à un projet de loi avant l’été. Le premier ministre a donc donné des précisions sur sa feuille de route, annonçant une grande phase de concertation sur lesdites violences, répartie en trois grands domaines: la prévention, la question des parents et notamment de leur maîtrise de l’abus d’Internet par leurs enfants, et enfin les conséquences judiciaires des actes dont se rendront responsables leurs enfants. Cette session devrait s’étendre sur huit semaines, avec un point d’étape à mi-parcours.

Mais surtout, Gabriel Attal a tenu à évoquer des pistes précises qui pourraient permettre de faire face, si possible sans attendre, à cette grande déferlante de la violence juvénile et ses horribles conséquences. A commencer par un placement en internat des „jeunes aux mauvaises fréquentations, loin de ceux qui le poussent à plonger: avant qu’ils ne tombent dans la délinquance, nous proposerons cette solution aux parents, d’autant plus qu’il y a des dizaines de milliers de places qui sont désespérément vides“, a-t-il dit.

Mais le premier ministre veut aussi „responsabiliser les parents démissionnaires, afin qu’ils puissent répondre des actes de leurs enfants“. Les adultes concernés pourraient se voir astreints à des travaux d’intérêt général, et/ou à des amendes, „étant entendu que ce n’est pas seulement le parent qui vit seul avec l’enfant qui doit payer“, a-t-il précisé en pensant aux mères célibataires débordées. Car „ce n’est pas parce qu’un des parents a quitté le foyer qu’il doit se laver les mains de l’éducation de son enfant“.

„Ma boussole: l’impunité zéro“

S’agissant des réseaux sociaux, souvent accusés de jouer un rôle de plus en plus actif dans la diffusion de l’ultra-violence chez les jeunes, M. Attal a souhaité aller plus loin que de simples mesures de „bannissement numérique“. Une proposition de loi a d’ailleurs déjà été adoptée dans ce sens, qui fixe la majorité numérique à 15 ans. „Il faut désormais la faire appliquer“, a-t-il estimé – sans que l’on discerne bien, pour l’instant, qui serait susceptible d’en vérifier la mise en œuvre, et avec quels moyens.

Je suis favorable à ce que les jeunes qui perturbent le plus gravement les cours se voient sanctionnés sur leur brevet ou leur baccalauréat

Gabriel Attal, premier ministre

Par ailleurs, à la rentrée prochaine, „des commissions éducatives seront mises en place dès l’école primaire, avec des sanctions adaptées“, a promis le chef du gouvernement. Lequel demande aussi que „les parents signent avec les établissements scolaires un contrat de droits et obligations“, avec des sanctions en cas de non-respect. Allusion au fait que se sont parfois, en effet, des parents qui viennent s’en prendre, y compris physiquement, au personnel enseignant. Comme on vient encore de le voir à Marseille où la directrice d’un établissement a été agressée par la mère et la grande sœur d’un élève à qui elle avait, en raison de sa conduite, refusé de participer à une sortie.

Autre piste évoquée par Gabriel Attal: que les élèves perturbateurs puissent voir la suite de leur cursus affectée par leurs actions. „Je suis favorable à ce que les jeunes qui perturbent le plus gravement les cours se voient sanctionnés sur leur brevet ou leur baccalauréat, et qu’une mention soit apposée sur leur dossier d’inscription dans le supérieur lorsqu’ils ont gravement perturbé la vie de l’établissement“, sauf s’ils se rachètent ultérieurement, a-t-il déclaré.

Et le premier ministre de conclure: „Ma boussole, c’est l’impunité zéro, avec éventuellement une sanction immédiate.“ On l’avait déjà compris, il est vrai, à ce stade de son discours! Car si, durant son court passage à l’Education nationale, M. Attal s’était déjà illustré par sa fermeté, il tient à l’évidence à bien montrer que son arrivée à Matigon ne lui a rien fait perdre à cet égard …