France„Sciences Po“ en pleine tourmente pro-palestinienne

France / „Sciences Po“ en pleine tourmente pro-palestinienne
Des étudiants viennent en support aux occupants du bâtiment de Sciences Po à Paris dans la rue Saint-Guillaume Photo: Dimitar Dilkoff/AFP

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L’Institut d’études politiques de Paris, plus connu sous le nom de Sciences Po, et dans une moindre mesure ses diverses succursales de province, connaissent depuis plusieurs semaines des troubles qui, sans avoir encore pris un caractère réellement violent, n’en posent pas moins de sérieux problèmes, qui ne relèvent pas tous de l’ordre public.

Car la „vénérable institution de la rue Saint-Guillaume“, sise dans le très chic VIIe arrondissement de la capitale, comme on la surnommait jusqu’à présent avec des sentiment mêlés d’envie, de respect et tout de même d’ironie, semble prise dans un mouvement, certains n’hésitent pas à dire dans un vent de folie – un de ses professeurs parle de „bateau ivre“ – qui contraste singulièrement avec son image et ses traditions.

Non pas seulement des traditions de respectabilité bourgeoise et de studieuse application. Celles-ci ont été illustrées notamment par le fait que Sciences Po aura été pour plusieurs générations l’antichambre de l’Ecole nationale d’administration, la fameuse ENA dont sont issus tant de cadres politiques et de la haute Fonction publique. Mais aussi une tradition de libre discussion dans le respect mutuel, de débat politique éventuellement animé, mais toujours démocratique.

Or les événements du Proche-Orient sont venus bousculer tout cela, c’est peu dire: abolir, en fait, toute confrontation d’idées, au profit d’un matraquage idéologique dont l’ultra-gauche pro-Hamas est désormais le fer de lance, entraînant à sa suite des étudiants moins extrémistes à l’origine. Le grand amphithéâtre a été rebaptisé: „Amphi Gaza“, les locaux sont occupés, hérissés de drapeaux palestiniens, barbouillés de slogans anti-israéliens. Des barricades ont été édifiées à l’intérieur de l’établissement, pour empêcher ou au moins retarder une intervention de la police.

Les cours ne peuvent plus avoir lieu, les travaux dirigés non plus, et l’on voit, dans la fameuse rue Saint-Guillaume, nombre d’étudiants assis par terre, ou, au mieux, entassés dans le non moins fameux café „Basile“, quasi-annexe de l’IEP, tenter de préparer quand même leurs examens. Cependant que l’on hisse par les fenêtres, au moyen de corde lancée des étages, des paniers de vivres pour les occupants. Lesquels, depuis avant-hier, dorment sur place, malgré une précédente tentative d’expulsion par la police.

Attal: „Le poisson pourrit par la tête“

Plus grave encore: à l’instar de ce qui se passe dans nombre d’universités américaines, certains sont vite passés de l’hostilité à Israël à l’antisémitisme. Des étudiants juifs, qui prétendaient entrer dans leur école comme ils en ont le droit (et même, en principe, le devoir), ont ainsi été repoussés sans ménagements: „Dehors les sionistes!“ Et certains slogans vont bien au-delà de la condamnation de la politique israélienne à Gaza. De toute façon, il n’est pas question, pour les occupants pro-palestiniens du site, d’imaginer ouvrir la moindre discussion, ni d’émettre la moindre réserve à l’égard de l’horrible pogrom perpétré le 7 octobre par le Hamas: même s’ils sont en fait très minoritaires, ils font régner leur loi, leurs drapeaux, leurs slogans scandés au son des tambours …

Emmanuel Macron s’en est ému mercredi en conseil de ministres. Son premier ministre Gabriel Attal, lui-même diplômé de Sciences Po, est allé se rendre compte sur les lieux de la gravité de la situation, et a résumé en une formule bien connue la menace pesant ainsi, dans son ancienne école, sur la formation des hauts-fonctionnaires: „Attention, le poisson pourrit par la tête!“

Mais en attendant, que faire? La situation est d’autant plus difficile à gérer que la direction de Sciences Po a connu ces dernières années des vicissitudes successives d’un tout autre ordre, et que le pouvoir, déjà plutôt laxiste, y semble désormais totalement vacant. Il est vrai que de son côté, Jean-Luc Mélenchon a félicité au contraire, au nom de La France insoumise, les extrémistes qui occupent et bloquent l’IEP, lesquels, a-t-il dit, „sont l’honneur de la France“… Un sentiment qui n’est manifestement pas partagé, bien au contraire, par l’ensemble de la classe politique.