Un argument-massue: L’obésité, facteur d’inégalités sociales et frein à la croissance

Un argument-massue: L’obésité, facteur d’inégalités sociales et frein à la croissance

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L’augmentation croissante des personnes en surpoids, voire obèses, entamerait la croissance de 3,3% du PIB en moyenne annuelle jusqu’en 2050. L’OCDE veut inciter par ces chiffres à la révision des politiques publiques.

De Jérôme Quiqueret

„Combattre l’obésité stimulerait l’économie et le bien-être social.“ C’est en ces termes accrocheurs que l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a récemment cherché à attirer les regards vers la parution d’une volumineuse étude consacrée aux ravages tant économiques que sociaux du surpoids et de l’obésité.

A politique inchangée, ce problème de santé serait responsable d’une réduction de la croissance égale à 3,3% du PIB en moyenne par an sur la période 2020-2050 dans les 42 pays de l’OCDE examinés. Il y a des écarts importants entre les pays, d’une part le Mexique et les Etats-Unis, où le gain de croissance serait égal à 5,3% respectivement 4,4%, et le Japon et le Luxembourg d’autre part, qui n’auraient respectivement que 1,6% et 1,9% de leur PIB à y gagner.

Ces résultats s’obtiennent en calculant le montant des dépenses de santé dans le traitement de maladies liées au surpoids, mais aussi en prenant en compte les performances scolaires et le taux d’emploi moindres ainsi que le plus grand absentéisme au travail des personnes concernées, ce qui affecte le capital humain des pays et leur productivité.

Dix ans après son étude „Fit not fat“, l’OCDE a remis le couvert au vu de la dégradation de la situation. La hausse de 13% du nombre d’obèses entre 2010 et 2016 a porté à 25% leur part dans la population des pays de l’OCDE et à 58% celle des personnes en surpoids. Pour mieux éveiller les consciences, elle associe la lutte contre l’obésité à la quête de croissance économique, au risque de faire naître l’idée que l’intérêt économique conditionne l’intérêt sanitaire.

Professeure d’économie à l’université du Luxembourg, Conchita D’Ambrosio n’est pas surprise par un tel rapprochement. Comme son sous-titre l’entend, l’étude appartient à l’économie de la prévention. „Le fait que la croissance économique est quelque chose de bon est dans nos têtes. L’OCDE utilise la croissance économique comme un moyen facile, un indicateur naturel de nos performances, pour dire ce qui est bon.“

Claus Vögele, son collègue psychologue au sein de l’Unité de recherche „Inside“, acquiesce: „Le statut socio-économique est l’un des plus grands facteurs de l’obésité. Améliorer les conditions économiques des gens pourrait mener à une baisse du nombre de personnes atteintes d’obésité. Ça ne viendrait pas à bout de l’épidémie d’obésité mais ce serait une contribution toujours bonne à prendre.“

Quand le patrimoine renforce les inégalités sociales au profit des classes supérieures de la population, l’obésité le fait au détriment des couches inférieures, où elle est plus répandue – et ce encore plus chez les femmes que chez les hommes.

Le plaisir plutôt que la quantité

L’OCDE constate l’insuffisance du grand nombre de mesures déjà mises en oeuvre pour lutter contre les causes principales de surpoids que sont l’alimentation inadaptée et la sédentarité. Ces programmes ont un succès de 10%, observe pour sa part Claus Vögele. Et cela a à voir aussi avec les publics cibles. „On a développé des programmes pour la classe moyenne supérieure blanche ces trente dernières années. C’est récemment qu’on a commencé à développer des programmes qui ciblent les groupes qui en ont le plus besoin.“
L’OCDE fait ses recommandations aux Etats. Une simple réduction de 20% des calories pourrait éviter un million de maladies chroniques par an dans les pays étudiés, augmenter de 0,5% le PIB et mettre à disposition 1,4 millions de travailleurs en plus. Elle prône aussi des mesures moins individuelles, ciblées sur la population, telles que la labellisation de la nourriture et des menus ainsi que la régulation de la publicité pour des nourritures malsaines en direction des enfants.

L’obésité n’est pas qu’une maladie mais aussi une condition, souligne Vögele. Elle est le fruit d’une norme sociale. L’idéal de beauté, d’une maigreur toujours plus grande, est même producteur d’obésité par les stratégies alimentaires nocives mises en place pour l’atteindre. Comme ses recherches l’ont démontré. „Les stratégies individuelles pour perdre du poids sont un des meilleurs moyens de devenir obèse“, dit-il. Ainsi, la solution est aussi d’ordre sociétale. „Comme société, nous aurions besoin d’aller vers un plus grand degré d’acceptance des différences d’apparence entre les gens.“

L’information agissant à un niveau individuel est nécessaire mais pas suffisante, toujours selon Vögele. Il faut agir aussi au niveau de la population en aidant les gens à désapprendre des habitudes héritées de siècles où il était question de survie et de manger ce qu’on pouvait et à trouver leur chemin dans l’abondance de choix actuelle.
Ces stratégies de prévention doivent agir précocement car les préférences alimentaires sont fixées à l’âge de six ans. Il faut ainsi augmenter la perception que les gens ont du plaisir qu’ils associent au fait de manger, en développant le plaisir d’aller sur les marchés locaux, de préparer le repas et de faire de ce dernier un événement. En bref, il faudrait ramener les gens vers l’alimentation normale, vers l’observation fine de ses sensations de faim et de satiété, sans surréglementer.

C’est là que, selon D’Ambrosio, le concept économique récent de nudging peut aider. Plutôt que la législation et l’éducation, il parie sur des changements dans l’environnement physique pour faire changer les comportements dans le sens désiré. Il consisterait en pareil cas à réduire la taille des assiettes dans les cantines ou un meilleur positionnement des végétaux dans la présentation des plats.

Vögele est aussi un partisan du retrait des incitations à acheter de la nourriture et de la promotion, y compris fiscale, des produits végétaux et durables. Quant à la promotion de l’exercice, au centre des recommandations de l’OCDE, il ne souhaite qu’on ne néglige pas l’aspect psychologique de l’effort à fournir. Il ne suffit pas de passer à travers les phases de l’effort et des douleurs, puis du début du plaisir pour arriver à celle du bien-être constant.

Il y a une dynamique constante entre ces trois phases, qui implique des incitants à la fois internes mais aussi externes pour que la promotion fonctionne. A cela doit s’ajouter un haut degré de flexibilité. „Le plus court chemin pour ne pas réussir est d’être rigide“, prévient-il.

La solitude, l’obésité de demain

Quand on parle d’obésité, Conchita D’Ambrosio a aussi en tête un autre phénomène: la solitude. Elle est la cause de maladies parfois similaires à l’obésité, d’un risque de mortalité précoce comparable et sa prévalence est promise elle aussi à une augmentation croissante par les effets cumulés d’une longévité croissante, de séparations familiales et d’un taux de natalité en recul. Elle devrait atteindre des proportions épidémiques vers 2030. En la matière, le Grand-Duché est particulièrement concerné, puisque 13% de ses habitants disent avoir personne à appeler en cas de besoin, contre 6% dans l’UE.

Quand la lutte contre l’obésité permet un retour six fois supérieur à l’argent investi selon l’OCDE, le retour potentiel pour traiter la solitude n’est que de trois fois supérieur. Mais dans les deux cas, cela vaut décidément la peine de faire quelque chose.

de Ben
1. November 2019 - 23.16

DéI Déck verhënneren deemno de Wuesstem ? Da mussen awer nët nëmmen déi kleng Déck, sondern och déi grouss Déck de Rimm méi enk schnallen. An dat deet besonnesch deene wéi!

de Prolet
25. Oktober 2019 - 17.05

Eng Solidargemeinschaft?????????? Zanter wéini dann ?

J.C.KEMP
24. Oktober 2019 - 20.58

Dir hut jo gelies Oeko- euh Moekuchsteier. Si ass geplangt.

Obèsix
24. Oktober 2019 - 17.24

Fëmmen,iessen,drénken,Drogen etc. Wien sech net am Grëff huet leit der Gesellschaft fréier oder spéider op der Täsch. A well mir jo eng Solidargesellschaft sinn,kënnt deen deen no senger Gesondheet kuckt fir déi opp deenen dat egal ass. Nom Motto " Ech bezuele jo och an d'Krankekeess." Op dat richteg ass ka jo all Mënsch fir sech entscheeden.

spëtzbouf
24. Oktober 2019 - 12.33

" L'obésité, un frein à la croissance" ! Dat muss ee sech op der Zong zergoe loossen. :) Elo kréie mir nach gläich virgeschriwwen, wéivill mir weien dierfen, resp. mussen.