Histoire du temps présentDes collaborateurs de plus en plus indispensables

Histoire du temps présent / Des collaborateurs de plus en plus indispensables
Le contrôle nazi sur la société luxembourgeoise n’aurait jamais pu atteindre le niveau de sophistication qui fut le sien, sans relais autochtones Photo: archives Editpress

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Au printemps 1944, le Reich a désespérément besoin d’hommes. Pris dans une guerre d’attrition face à l’Union soviétique, il doit également continuer à contrôler les territoires qu’il occupe depuis le début de la guerre. Au Luxembourg, la Sipo-SD (Sicherheitspolizei) doit ainsi se résoudre à recruter un nombre croissant de collaborateurs locaux.

L’omnipotence du régime nazi au Luxembourg et la responsabilité unique des Allemands dans les crimes qui y furent commis ont longtemps été mis en avant. En abattant les institutions luxembourgeoises, en leur substituant son propre appareil administratif, en prenant les rênes du mouvement collaborationniste Volksdeutsche Bewegung (VdB) et en dictant les modalités de la collaboration, le Gauleiter Gustav Simon avait, il est vrai, cherché à étouffer toute initiative locale. Son contrôle sur la société luxembourgeoise n’aurait néanmoins jamais pu atteindre le niveau de sophistication qui fut le sien, sans relais autochtones.

Ce sont les pro-allemands qui faisaient remonter la masse d’informations sur laquelle reposait le pouvoir de l’administration civile allemande. Si cette dernière ne cachait pas sa promptitude à recourir à la violence – bien au contraire –, elle voulait aussi faire savoir qu’elle savait exactement qui frapper et pour quelle raison; faire comprendre que rien ne lui échappait. La peur, intériorisée par chaque Luxembourgeois, était son plus efficace outil de contrôle.

Dégradation de la situation

Les auxiliaires luxembourgeois étaient donc indispensables au régime nazi et leur importance ne fit que croître à partir du printemps 1942. Dans sa volonté de trouver où que ce soit des réserves pour combler ses pertes, tout particulièrement sur le front de l’Est, le Reich avait déjà commencé à mobiliser de jeunes Luxembourgeois, ce qui avait fait exploser l’opposition à son égard. Mais lorsque à partir du printemps 1943, le nombre de déserteurs commença à augmenter, il retira aussi du pays tous les Allemands et pro-allemands aptes au combat.

Tout comme de nombreux fonctionnaires et membres des forces de sécurité originaires du Reich, les pro-allemands, membres d’organisations paramilitaires comme l’Allgemeine SS et la Hilfspolizei, furent envoyés sur le Front de l’Est. Les uns durent signer un contrat d’engagement volontaire dans la Waffen SS en septembre 1942 et les autres furent mutés dans les territoires occupés au début de l’année 1943.

Par conséquent, ce furent avant tout des hommes d’âge mûr, en nombre insuffisant, qui furent confrontés à la grande vague de désertion. Lorsqu’au début de l’été 1943, l’antenne luxembourgeoise de la Sipo-SD voulut organiser la première vaste opération de transplantation (Umsiedlung) de parents de déserteurs, il lui fallut au préalable demander des renforts en Allemagne. Or les antennes contactées, qui étaient elles-mêmes en sous-effectifs, protestèrent vivement à l’idée de devoir céder le moindre de leurs agents1.

La Sipo-SD en sous-effectif

Au mois de janvier 1943, le bureau principal de la Sipo-SD à Luxembourg n’employait pas plus de 120 personnes, en comptant les employés qui n’assumaient que des tâches purement administratives (concierge, secrétaires, etc.)2. Son antenne d’Esch-sur-Alzette, qui couvrait l’ensemble du bassin minier, dut se contenter de six à huit hommes, durant la période allant du mois de décembre 1942 à la libération, comme le raconta son chef, Hans Klöcker, après la guerre3. Les antennes de la Sipo-SD à Diekirch et à Grevenmacher étaient probablement plus mal loties encore.

Face à cette pénurie de personnel, la Sipo-SD se résolut à recruter des Luxembourgeois qui, jusqu’alors, n’avaient occupé en son sein que des postes subalternes. Au printemps 1943, l’agent de l’antenne d’Esch qui faisait office d’interprète avait été mobilisé dans la Waffen-SS. Dans une région industrielle et frontalière comme l’était le bassin minier, la présence d’un agent maîtrisant le français était absolument indispensable. Klöcker avait donc multiplié les démarches pour obtenir un nouvel interprète, mais ses demandes avaient été rejetées en raison du manque de personnel.

C’est dans ces conditions qu’il se résolut à engager le Luxembourgeois Nikolaus Eduard F., qui était déjà un informateur de la Sipo-SD. Sa promotion au rang d’agent et son passage au service actif eurent lieu quelques mois plus tard, lorsque Klöcker dut faire face à une nouvelle baisse d’effectifs4. À partir de 1943, F. participa activement à toutes les actions contre les déserteurs et les résistants. Lui-même procéda à des arrestations, à des perquisitions et à des interrogatoires5.

Des agents infiltrés

Hubert-Joseph S. est un autre Luxembourgeois pro-allemand recruté par la Sipo-SD. En 1941, il avait proposé ses services d’indicateur à la Gestapo. En novembre 1942, il s’y vit proposer un poste. Une bonne partie de son activité consistait à rédiger des rapports d’opinion, mais il fut aussi mêlé à des actions sur le terrain. En 1943, sans autre précision de date, il tenta de piéger des déserteurs dans la région d’Ettelbruck, en prétendant pouvoir les faire passer en France. En avril 1944, il contribua au démantèlement d’un réseau de résistance luxembourgeois opérant à partir de Bruxelles. Le 12 août 1944, il participa à Rollange à une action de ratissage qui avait pour but de mettre la main sur des déserteurs. Lui-même mena des perquisitions à cette occasion6.

Enfin, il y a les exemples Johann G. et Nikolaus S. Ces derniers acceptèrent de se faire passer pour des déserteurs afin de mettre à jour les réseaux d’entraide. Le premier avait adhéré à la VdB le 29 juillet 1940. En 1941, il avait aussi adhéré à l’Allgemeine SS et, l’année suivante, au parti nazi. Nikolaus S. avait, lui aussi, adhéré au parti nazi le 1ᵉʳ avril 1943. Tous deux n’étaient âgés que de 22 ans lorsqu’en août 1944, ils menèrent leur première mission d’infiltration. Leur activité fut certes de courte durée, en raison de la libération imminente du territoire. Ils parvinrent tout de même à faire arrêter 17 personnes, des déserteurs ainsi que des personnes prêtes à leur venir en aide, dont ils avaient trompé la confiance7.


1 Archives nationales de Luxembourg (ANLux), Fonds-Chef der Zivilverwaltung (CdZ), SD 03.
2 Voir: „In der Villa Pauly tätige Beamte“, in: Rappel, N° 3, 2006, pp. 395-406.
3 ANLux, Fonds Affaires politiques (AP) F83 (Luxbg.), dossier Nikolaus Eduard F., interrogatoire de Hans Klöcker, rapport d’enquête du 26 mai 1948.
4 ANL AP F83 (Luxbg.), dossier Nikolaus Eduard F., interrogatoire de Hans Klöcker, rapport d’enquête du 26 mai 1948.
5 Idem.
6 ANLux, Fonds Epuration (EPU) 376, chefs d’accusation et jugement à l’encontre d’Hubert-Joseph S.
7 ANLux EPU 367, chefs d’accusation et jugement à l’encontre de Johann G./Nikolaus S./Katharina G.

Hottua Robert
5. Mai 2024 - 16.43

Die von jedem Luxemburger verinnerlichte Angst bezog sich wohl auch auf die Angst, Opfer von Euthanasiemaßnahmen zu werden. Jeder konnte jeden wegen "Alkoholmißbrauch" oder wegen "unsittlichem Lebenswandel" oder ähnlichen "Delikten" denunzieren. Die denunzierten Menschen waren dann als "erbkranke Ballastexistenzen" eine Gefahr für den arischen Volkskörper und mußten durch Kaliber- oder KanülenexpertInnen "behandelt" werden. Herr Prof Klaus DÖRNER schreibt in seinem Aufsatz "Nationalsozialismus und Lebensvernichtung" im Jahr 1967 auf Seite 141: (…) Die "Aktion T4". Noch eindeutiger im Zuge der Kriegsvorbereitungen ist die Vernichtung erwachsener Geisteskranker zu sehen. Gegenüber der Kinder-"Aktion" ist sie in vielen Aspekten eine weitere Expansionsstufe des Vernichtungswillens. Im Juli 1939 fand die erste Erörterung der Durchführungsmodi dieses Programms zwischen Hitler, dem Chef der Reichskanzlei Lammers und dem Reichsgesundheitsführer Dr. Conti statt. Wieder erfolgte zunächst nur eine mündliche Ermächtigung erst Contis, dann Bouhlers und Bracks zu dieser Aktion. (Anmerkung 107) Vgl. besonders für die Daten zu diesem Kapitel Hans Buchheim, Das Euthanasie-Programm, in: Gutachten des Instituts für Zeitgeschichte, München 1958, S. 60f.; allerdings muß ergänzt werden, daß sich auch Nicht-Invalide und Nicht-Erbkranke bedroht fühlen mußten; und ein allgemeines Bedrohtheitsgefühl entstand tatsächlich - trotz der Geheimhaltung. (…) MfG, Robert Hottua